Eglise Notre-Dame-sur-l'Eau

Description

Construite sur la rive droite de la Varenne et près du pont de ce nom, l'ancienne église de Notre-Dame-sur-l'Eau dessine une croix latine avec bas-côtés, tour centrale carrée, absides et absidioles.

L'église Notre-Dame-sur-l'Eau est le plus ancien monument du département. Elle fut bâtie vers l'an 1026, par Guillaume Ier, comte de Bellême et d'Alençon, il la donna par la suite aux moines de Lonlay, qui en formèrent un prieuré ; abandonnée pendant la Révolution, cette église tomba en ruines; elle avait 125 pieds de long, 48 de large, sa nef avait 40 pieds d'élévation.

Les bas-côtés, dont les murailles extérieures étaient toutes en arêtes de poisson, ont été supprimés ainsi que 52 pieds de la nef.

Mais l'église primitive, construite au commencement du 11e siècle, comme l'abbaye de Lonlay, a dû subir des remaniements successifs qui en ont notablement altéré le caractère, surtout à l'extérieur, et de l'édifice élevé vers 1026, par Guillaume Ier de Bellême, il ne reste plus aujourd'hui que la forme même du vaisseau, avec quelques fragments de maçonnerie, en opus spicatum, ou en arêtes de poisson, comme à Lonlay, et surtout avec les piliers carrés de l'intérieur du vaisseau qui ont conservé le cachet des églises de cette époque, et qui permettent d'assigner à sa construction une date précise et certaine.

Quant à l'ancien appareil de maçonnerie, il a presque entièrement disparu, comme à peu près partout en Normandie, pour faire place à un appareil plus régulier et plus solide, l'opus quadratum et aujourd'hui la vieille église des comtes du Perche n'offre guère que l'aspect des édifices religieux du commencement du 12e siècle, avec ses baies à ressauts et en fer à cheval, ses longues fenêtres à large éveil, les cintres géminés de la tour et des absides, que supportent des colonnettes romanes, ses rosaces ornées de chevrons, ses frises en damier enfin avec ses modillons grotesques qui rappellent les sculptures primitives des anciennes abbayes de Caen et notamment de l'Abbaye-aux-Dames.

Telle est aujourd'hui, à l'extérieur, l'église de Notre-Dame-sur-l'eau et, c'est seulement à l'intérieur, que l'on peut se rendre un compte exact de ce qu'était dans le principe le monument des Talvas quant au style et quant à la forme.

En effet, c'est à l'intérieur que le vaisseau rappelle ces édifices religieux du 11e siècle, si communs dans les diocèses du Mans, d'Angers, notamment l'église St-Jean de Château-Gonthier et l'ancien prieuré d'Azé, près de cette ville : édifices que l'on peut considérer comme des types purs de cette époque d'architecture religieuse, et tout porte à croire que Notre-Dame-sur-l'Eau avait été construite, soit sous les Talvas, soit sous les Plantagenets, par des architectes du Maine ou de l'Anjou.

Ainsi l'on remarque, à l'intérieur, soit dans la nef, soit dans le transept, parties de l'édifice qui n'ont pas dû être remaniées, ces piliers carrés des monuments Carlovingiens (ndw : Carlovingiens ou Carolingiens), ayant pour tout ornement un simple tailloir, sans retours type caractéristique des édifices religieux en style roman de la première moitié du 11e siècle; et c'est seulement à l'est de l'intertransept qu'apparaît le tailloir avec retours, perfectionnement qui date de la seconde moitié de ce siècle.

L'on peut donc dire que l'église de Notre-Dame-sur-l'Eau, commencée vers 1026, fut continuée pendant tout le 11e siècle et nous verrons qu'elle n'a dû être achevée que dans la première moitié du 11e.

En effet, la tour centrale carrée, avec ses colonnettes romanes et ses galeries, ornées de cintres géminés, offre bien tous les caractères des beffrois du commencement du 12e siècle lorsque l'on commença à installer les grandes sonneries et cette tour rappelle celle de St-Pair, près Granville, qui offre les mêmes caractères, et dont la date est certaine (1131).

Quant au choeur de l'église, avec son abside et ses absidioles, ils doivent également dater du commencement du 12e siècle, comme l'accuse la présence d'un faux triforium, orné de cintres géminés, des baies romanes ornementées, des rosaces circulaires, des frises et d'élégants bandeaux ainsi que des modillons sculptés en un mot, la présence de tous les ornements caractéristiques de cette nouvelle architecture inaugurée à la fin du 11e et surtout au commencement du 12e siècle.

Enfin le choeur est voûté en berceau, comme l'abside, ainsi que les absidioles sont elles-mêmes voûtées en formice, genres de voûte qui datent également de la même époque.

En somme, l'église de Notre-Dame-sur-l'Eau, telle qu'elle existe aujourd'hui peut être considérée comme un monument de transition entre les 11e et 12e siècles et l'on remarque même dans la nef des demies colonnes engagées, destinées à recevoir les retombées d'une voûte en pierre que l'on n'a pas osé entreprendre.

Comme détails intérieurs, l'on remarque le maître-autel, dont la table en granit repose sur un massif de maçonnerie et est supportée par trois colonnes romanes, et dans l'absidiole de droite, l'on voit le tombeau d'un ancien vicomte de Domfront, en style renaissance.

L'église de Notre-Dame-sur-l'Eau a joué un certain rôle dans l'histoire du Perche et du Passais.

Histoire

A propos de Guillaume Ier comte de Bellême (Guillaume Talvas) nous apprenons qu'après s'être couvert de toutes sortes de crimes, comme il le confesse lui-même, il voulut les racheter par des aumônes et il fit plusieurs fondations pieuses. L'église de Notre-Dame-sur-l'Eau, près Domfront, et l'abbaye de Lonlay, furent les plus célèbres. C'est aussi lui qui pour mettre les habitants de Domfront à l'abri des incursions des Manceaux, des Angevins et des Prêtons, fit entourer le rocher sur lequel est construite cette ville, de murs très-épais, flanqués, de distance en distance, de tours couronnées de parapets (en 1014). Il faisait ordinairement sa résidence à Domfront qui était, à cette époque, une place importante, il y avait un bailli. Il mourut en son château, de l'an 1030 à 1031, et fut enterré dans l'église Notre-Dame-sur-l'Eau qu'il avait fait bâtir.

Dans une chapelle de cette église, on voit son tombeau en tuf blanc, sur lequel il est couché. Il donna, en 1030, Domfront en mariage à son fils Guarin ou Varin. Le fils de celui-ci, Geofroy Ier, se le laissa enlever, en 1035, par son oncle Guillaume II de Bellesme, dit "Talvas le Cruel", auquel Geofroy-Martel, comte d'Anjou, le reprit, en 1048, pour se le voir également ravir par Guillaume de Normandie, qui le rendit à Talvas le Cruel, en 1049.

C'est en 1156, que cette église fut consacrée par Hugues d'Amiens, archevêque de Rouen

Henri II, Plantagenet, parvenu au trône d'Angleterre, en 1154, séjourna souvent à Domfront, et fit de cette ville une de ses résidences favorites. Ainsi, en 1161, il envoya la reine Éléonore y faire ses couches et, celle-ci y donna le jour à une fille, nommée comme sa mère Éléonore

En 1161, L'année même de son installation à Avranches, Guillaume Achard de Domfront évêque d'Avranches, et Robert, abbé du Mont Saint-Michel, présentèrent sur les fonds du baptême Aliénor, fille du roi d'Angleterre (Henri II d'Angleterre (5 mars 1133 – 6 juillet 1189), comte d'Anjou, du Maine et de Touraine, duc de Normandie, roi d'Angleterre), dans l'église de Notre-Dame-sur-l'Eau, près Domfront, où elle était née. Ce fut le cardinal légat Henri, qui administra le sacrement à la jeune princesse (Regina Alienor apud Domnum-Frontem filiam peperit... quant...).

En 1823, on enleva les tombes de cette église pour paver celle du collège, à l'exception de trois ou quatre en tuf, qui étaient cassées par l'abaissement des terres, elles appartenaient aux familles Ledin, de la Châlerie, et Coupel, vicomte de Domfront, les inscriptions circulaires et les épitaphes étaient en lettres de plomb, incrustées dedans en caractère gothique; cette église vient d'être restaurée en partie.

En 1529, Robert Roger, seigneur de Collière, en Saint-Front, curé de Domfront, fonda, dans l'église Notre-Dame, six chapelains. Cette église ayant été pillée en 1562, les titres brûlés, et M. François Laîné, seigneur de Torchamp, l'un des présentateurs, et ses descendants, ayant embrassé la religion prétendue réformée, la fondation fut négligée. M. René Ledin, sieur de la Châlerie, arrière-neveu du fondateur, obtint des héritiers la nomination de ces chapelles, droit de banc et de sépulture dans ladite église.

Sur la fin du mois de mars de l'année 1749, des particuliers profitèrent de l'obscurité de la nuit, et, déguisés en moines et en ermites, s'introduisirent dans l'église Notre-Dame, munis de lumière. Ils fouillèrent les terres, et, à l'aide de boeufs et de chevaux, renversèrent les tombeaux pour trouver un trésor que les Anglais avaient déposé dans la chapelle des douze apôtres, lorsqu'ils abandonnèrent le pays, en 1450. Ils le trouvèrent, il consistait en espèces monnayées. Un monitoire, publié les 4, 11 et 18 mai ne procura aucuns renseignements sur les coupables.

L'ancienne aumônerie, ou Hôtel-Dieu, fut fondée par les habitants pour servir de retraite aux pauvres et aux malades ; cet établissement fut confirmé par Henri II, roi d'Angleterre, duc de Normandie; Rainaud, comte de Boulogne, y régla l'ordre du service divin par une charte de 1206, que Robert Achard signa comme témoin; les guerres obligèrent de le transférer dans l'intérieur du château, où il n'en existe plus aucunes traces. Après l'évacuation des Anglais en 1450, Jean II, duc d'Alençon, rétablit l'Hôtel-Dieu ; le prêtre qui le desservait prenait le titre de chapelain et orateur du duc d'Alençon.

En 1624, les habitants de Domfront donnèrent à Philippe Durocq et Siméon Maurice, religieux, venus d'Argenteuil, le prieuré et hôpital de Saint-Antoine, à charge d'y instruire la jeunesse. Le 10 janvier 1627, ils remirent cette maison aux habitants qui la donnèrent aux Bénédictines, qui s'y sont établies en 1629, sous la direction de dame Claire-Catherine Dubois.

En 1689, il y avait, dans cette communauté, dix-sept religieuses et sept converses; en 1790, elles n'étaient plus que treize, dont le revenu était de 5,800 livres.

L'hôpital général, établi par ordre du roi, en 1684, a été transféré en 1754 à Notre-Dame-sur-l'Eau, où l'on a construit de nouveaux bâtiments; la chapelle de cet hôpital a été fondée de 4 000 liv., ordonnée par arrêt du Parlement de Rouen, du 2 août 1691, en réparation de l'assassinat commis en la personne de Jacques de Serens, sieur de la Ruaudière, administrateur dudit hôpital, en 1686.

M. F. Pouchard, curé et officiai de Domfront, donna à cet hôpital, par acte du 17 mars 1686, les terres de la Morinière et de la Baillette, qu'il possédait dans la paroisse de Saint-Mars.

sources :

  • Histoire de Domfront Par F. Liard 1865
  • Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie 1886

Voir aussi pour une vision globale de l'église Notre dame sur l'eau et de son histoire l'article de Normandie Héritage qui lui est dédié. Pour mémoire, Normandie Héritage fourni les superbes photos qui illustrent cet fiche.

Localisation et informations générales

  • identifiant unique de la notice : 100332
  • item : Eglise Notre-Dame-sur-l'Eau
  • Localisation :
    • Basse-Normandie
    • Domfront
  • Code INSEE commune : 61145
  • Code postal de la commune : 61700
  • Ordre dans la liste : 2
  • Nom commun de la construction :
    • La dénomination principale pour cette construction est : église
  • Etat :
    • L'état actuel de cette construction ne nous est pas connue.

Dates et époques

  • Périodes de construction :
    • Nous n'avons aucune informlation sur les périodes de constructions de cet édifice.
  • Date de protection : 1840 : classé MH
  • Date de versement : 1993/11/22

Construction, architecture et style

  • Materiaux:
    • non communiqué
  • Couverture :
    • non communiqué
  • Materiaux (de couverture) :
    • non communiqué
  • Autre a propos de la couverture :
    • non communiqué
  • Etages :
    • non communiqué
  • Escaliers :
    • non communiqué
  • Décoration de l'édifice :
    • non communiqué
  • Ornementation :
    • non communiqué
  • Typologie :
    • non communiqué
  • Plan :
    • non communiqué

Monument et histoire du lieu

  • Interêt de l'oeuvre : 18 04 1914 (J.O.).
  • Eléments protégés MH (Monument Historique) :
    • Notre base de données ne comprend aucun élément particulier qui fasse l'objet d'une protection.
  • Parties constituantes :
    • non communiqué
  • Parties constituantes étudiées :
    • non communiqué
  • Utilisation successives :
    • non communiqué

Autre

  • Divers :
    • Autre Information : propriété de la commune 1992
  • Détails : Eglise Notre-Dame-sur-l' Eau : classement par liste de 1840
  • Référence Mérimée : PA00110792

photo : Normandie Héritage

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photo : webmaster

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